Mathieu Bablet explore l’éco-anxiété à travers l’anticipation dans sa bande dessinée Silent Jenny
Silent Jenny, la nouvelle bande dessinée de Mathieu Bablet, plonge le lecteur dans un futur où la biodiversité s’est presque volatilisée. L’éco-anxiété, ce mal du siècle, est au cœur de ce récit postapocalyptique. L’auteur mêle anticipation et science-fiction pour mieux saisir les enjeux écologiques actuels.
Silent Jenny : un univers de science-fiction au service d’un message écologique fort
Mathieu Bablet boucle une trilogie commencée avec Shangri-La et Carbone & Silicium avec cette œuvre qui fait réfléchir. Silent Jenny situe son intrigue dans un futur désolant, où humains et nature se débattent pour survivre. Le décor ? Des terres dévastées, parcourues par des “monades”, des villages motorisés en quête d’un souffle de vie.
Au milieu de ce décor, la survie humaine dépend d’un enjeu étonnant : la relance de la pollinisation, entièrement compromise. La disparition des abeilles empêche la nature de renaître. Jenny, héroïne déterminée, doit retrouver les derniers fragments d’ADN des pollinisateurs pour espérer ramener un monde presque perdu. La quête n’est pas sans rappeler les défis écologiques que nous rencontrons déjà de nos jours.
L’éco-anxiété incarnée et questionnée à travers l’anticipation
L’auteur confesse s’être inspiré d’un fait réel : la disparition massive des abeilles en Chine, où des humains ont été engagés pour polliniser à la main. L’indignation face à cette solution artificielle l’a poussé à imaginer une histoire qui parle bien au présent. En effet, Silent Jenny est un miroir de notre inquiétude face à la nature qui se fragilise et à des réponses souvent mécaniques.
Le récit oppose deux visions du futur : celle de Pyrrhocorp, un ordre strict et contrôlant qui symbolise l’immobilisme et la centralisation, et celle de petites communautés nomades et libres, errant dans des villes mobiles. Jenny, dans sa solitude, vit une éco-anxiété palpable qui la fait osciller entre espoir et désespoir. Ce choix narratif, emprunté à la science-fiction des années 70, permet d’aborder sérieusement ces thématiques.
Un regard humain sur le deuil collectif et individuel face à la catastrophe écologique
Parmi les scènes marquantes, une double-page sur le deuil donne à voir plus qu’une simple perte. Une vieille femme, mémoire d’une époque révolue, est enterrée selon un rituel ancestral. Son corps est emporté par l’eau, symbole de disparition et de transformation. Un moment muet, empreint d’une mélancolie profonde qui donne à ressentir l’ampleur du drame.
Les décors évoquent subtilement des architectures futuristes façon Centre Pompidou, rappelant les influences des artistes et auteurs de la BD classique de science-fiction. Ce mariage visuel appuie le récit, en créant une ambiance lourde de sens et d’émotions.
La vision de la mort s’exprime aussi à travers un rêve de l’héroïne. La figure immobile et silencieuse de la faucheuse, tirée d’images cultes du cinéma, souligne l’angoisse latente de Jenny. Sa réaction au deuil est maladroite, elle cherche à noyer son chagrin dans l’alcool, ce qui ne fait qu’amplifier sa détresse.
Un récit qui ouvre sur le besoin de lien humain et d’espoir malgré les épreuves
Silent Jenny montre clairement que la solitude n’est pas une solution. Face au mal-être et à la peur de l’avenir, c’est le collectif qui permet de tenir bon. La communauté qui accomplit le rituel funéraire offre un moment de partage, de solidarité essentielle. À l’inverse, l’isolement de Jenny illustre le danger de la fermeture sur soi et de l’éco-anxiété paralysante.
L’album, dense et introspectif, donne à réfléchir sur notre rapport à la nature et à ce que nous pouvons encore faire ensemble. Bablet réussit à concilier esthétique, émotion et message porteur. Silent Jenny ne s’adresse pas seulement aux amateurs de science-fiction, mais à tous ceux qui se questionnent sur le futur et cherchent des pistes pour ne pas perdre espoir.
Source: www.lefigaro.fr
Aurore Lavaud est responsable RH dans une entreprise industrielle spécialisée dans les tubes plastiques. Appréciée pour son écoute et son sens du dialogue, elle excelle dans la gestion des conflits et le lien humain. Accessible et posée, elle incarne une approche des RH ancrée dans le réel. En dehors du travail, elle est capitaine d’une équipe de badminton qu’elle entraîne deux fois par semaine.
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