Mathieu Bablet, dessinateur de bandes dessinées : « Construire un avenir commun est notre unique option »

Mathieu Bablet revisite la science-fiction avec un regard acéré mais empreint d’espoir. Son dernier album, Silent Jenny, propose une vision future où les microsociétés nomades tentent de reconstruire le vivant. Une œuvre à la fois sombre et porteuse d’une urgence collective.
Mathieu Bablet et l’exploration d’un futur bouleversé par la crise écologique
Depuis ses débuts, Mathieu Bablet n’a cessé d’interroger les avenirs alternatifs, souvent à travers des récits mêlant humanité et technologies. Dans Silent Jenny, il franchit un cap. Celui d’un monde où les abeilles géantes, symboles du vivant menacé, apparaissent dès les premières planches. La disparition des insectes pollinisateurs n’est plus une fiction lointaine, mais un avertissement tangible.
Ce choix narratif traduit un “aveu d’échec” face à la transition écologique selon lui. Pas de miracle global en vue, mais une succession de micro-réactions, de groupes nomades qui tentent de préserver ce qu’il reste. Ces microsociétés incarnent à la fois la résistance et la nécessité de repenser nos manières de vivre ensemble.
Des microsociétés comme métaphore d’un avenir commun à revisiter
La vision de Bablet bouscule. Pas d’utopie bien rangée ici, mais non plus de fatalisme paralysant. Il expose un avenir possible où la réorganisation sociale prend le pas sur les grands discours politiques qui souvent débloquent peu. Construire un avenir commun devient alors la seule option pour survivre et espérer.
Cet avenir ne se fait pas sans heurts. Les récits dans Silent Jenny glissent vers un réalisme dur, parfois inquiétant, mais toujours humain. Une invitation à réfléchir sur la fragilité du vivant et la responsabilité collective, sans tomber dans l’apitoiement.
Dans une interview récente près de Grenoble, Bablet partage son parcours, de la Belle Mort à ses explorations actuelles. Son travail montre une montée en maturité, un besoin de parler vrai face aux urgences écologiques. Il évoque aussi les limites du capitalisme extractiviste, l’échec des réponses globales et l’essor d’alternatives locales.
Silent Jenny : un appel à l’engagement et à une nouvelle forme de société
Publié par Rue de Sèvres, Silent Jenny s’étend sur 320 pages avec un dessin précis et engagé. L’album ne cherche pas à noyer le lecteur sous un pessimisme sans fin. Bien au contraire !
La narration met en avant plusieurs voix, plusieurs communautés qui tâtonnent, expérimentent. Ces histoires croisées résonnent avec de nombreux débats actuels sur la manière de bâtir un futur plus harmonieux malgré les épreuves. Bablet évite les raccourcis, le propos est finement construit.
Un dessin au service du propos engagé
Mathieu Bablet n’est pas simplement un conteur. Sa maîtrise technique appuie le message. Le trait précis fait toute la différence, il invite le lecteur dans un univers à la fois tangible et poétique. Ses personnages ne sont pas des héros parfaits, mais des humains qui tâchent de s’adapter.
Cette approche ancrée met en lumière les défis, la complexité des situations. Le monde de la bande dessinée a trouvé ainsi un allié précieux pour véhiculer un message urgent et actuel : l’écologie ne peut plus être un sujet dissocié de nos modes sociaux.
Source: www.lemonde.fr

Aurore Lavaud est responsable RH dans une entreprise industrielle spécialisée dans les tubes plastiques. Appréciée pour son écoute et son sens du dialogue, elle excelle dans la gestion des conflits et le lien humain. Accessible et posée, elle incarne une approche des RH ancrée dans le réel. En dehors du travail, elle est capitaine d’une équipe de badminton qu’elle entraîne deux fois par semaine.
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