Les aventures de Tintin : L’Affaire Tournesol dans sa version interdite refait surface

Soixante-dix ans après sa première publication, la version interdite de L’Affaire Tournesol refait surface et bouleverse le petit monde de la bande dessinée. Restaurée à partir des archives personnelles d’Hergé, cette mouture inédite éclaire d’un jour nouveau le suspense hitchcockien qui entoure le professeur Tournesol. Les libraires s’agitent : l’édition limitée annoncée pour 2025 promet déjà des files d’attente dignes d’une sortie de console de jeux !

La redécouverte de la version interdite de L’Affaire Tournesol

Ce sont les studios Casterman qui, en janvier 2025, ont confirmé l’existence d’un tirage test bloqué par l’éditeur en 1956. À l’époque, la double page à l’italienne et certains dialogues jugés trop politiques avaient fait trembler le comité de censure belge. Aujourd’hui, ces planches restaurées dévoilent un récit encore plus tendu, où l’ombre de la Guerre froide plane à chaque case.

Des collectionneurs rompus aux enchères affirment que la cote des planches originales pourrait tripler. Les musées s’intéressent aussi : le Centre Pompidou a déjà réservé un exemplaire pour son exposition « Bulles et géopolitique » prévue cet automne.

Des planches audacieuses qui avaient disparu

Les vingt dernières pages, entièrement repensées par Hergé, s’étalent sur de larges panoramas afin de renforcer la tension dramatique. Le découpage révèle un sens du rythme proche du montage cinématographique ; chaque silence graphique agit comme une pause maîtrisée avant la prochaine embuscade. Cette audace formelle avait été considérée comme trop coûteuse pour l’impression de masse en 1956 : aujourd’hui, elle devient la principale attraction.

L’université de Louvain publiera cet été un article académique comparant ces planches à la grammaire visuelle d’Alfred Hitchcock. De quoi alimenter les débats dans les colloques BD.

Écarts scénaristiques et esthétiques avec l’album connu

Le fil conducteur reste l’enlèvement de Tournesol, mais les enjeux technologiques y gagnent en noirceur. Dans la version interdite, le prototype d’onde ultrasonique apparaît dès la première planche, soulignant la course effrénée des services secrets syldaves et bordures. L’exposition plus directe de la menace nucléaire, évacuée dans l’album de 1956, fait écho aux peurs contemporaines liées aux armes hypersoniques.

L’esthétique diffère aussi : les décors signés par les Studios Hergé adoptent des ombres marquées, héritées du film noir. La palette, réajustée en 2025 par les coloristes de Casterman, respecte les gouaches originales tout en bénéficiant d’une numérisation haute définition.

Une narration déjà cinématographique

Hergé anticipait la dynamique du story-board moderne. Les successions de contre-plongées et de focales serrées sur les expressions d’Haddock rappellent l’écriture visuelle d’un thriller d’espionnage. Pas étonnant que Steven Spielberg ait cité cet album comme source d’inspiration lorsqu’il préparait le film de 2011.

Les archives sonores du dessinateur, conservées à Louvain-la-Neuve, confirment qu’il écoutait Bernard Herrmann encrant les scènes nocturnes : un détail savoureux qui illustre la porosité entre BD et cinéma.

Conséquences pour le marché de l’édition et les collectionneurs en 2025

Le tirage annoncé se limite à 20 000 exemplaires numérotés, un choix qui attise la spéculation. Plusieurs plateformes de revente affichent déjà des pré-commandes autour de 800 € alors que le prix public n’est que de 49 €. De quoi relancer la réflexion sur la distribution équitable des œuvres patrimoniales.

Pour les libraires indépendants, ce regain d’intérêt représente une opportunité précieuse : nombreux comptent organiser des nuits de lancement, lectures en vitrine et ateliers de restauration de planches. Les musées, quant à eux, réfléchissent à des dispositifs immersifs mêlant projection et réalité augmentée pour plonger le visiteur dans la Syldavie de papier.

Plus qu’une curiosité historique, cette version interdite rappelle à quel point l’œuvre d’Hergé demeure vivante, capable de dialoguer avec chaque époque et de raviver nos peurs comme nos émerveillements.

Aurore

Aurore Lavaud est responsable RH dans une entreprise industrielle spécialisée dans les tubes plastiques. Appréciée pour son écoute et son sens du dialogue, elle excelle dans la gestion des conflits et le lien humain. Accessible et posée, elle incarne une approche des RH ancrée dans le réel. En dehors du travail, elle est capitaine d’une équipe de badminton qu’elle entraîne deux fois par semaine.