Cette carte Pokémon oubliée affole les enchères : un collectionneur l’a vendue 420 000 €

420 000 € ! La somme déboursée le week-end dernier pour un Raichu « Pre-Release » a stupéfié la sphère des collectionneurs. Cette carte, longtemps tenue pour une légende urbaine, confirme la folie spéculative qui entoure le jeu de carte à collectionner Pokemon. Et le marché, déjà bouillonnant, s’enflamme encore.

Une enchère de 420 000 € qui secoue le marché des cartes Pokémon

L’affaire s’est jouée chez Heritage Auctions, à Dallas, devant des amateurs venus du Japon comme d’Europe. Au coup de marteau final, le Raichu estampillé « Pre-Release » a pulvérisé le précédent record de l’extension Jungle, faisant oublier les 300 000 $ atteints par un Dracaufeu 1st Edition PSA 10. Ce pic résume l’attraction croissante pour les rares artefacts nés d’un bug industriel.

Le vendeur, discret, détenait la carte depuis son passage chez Wizards of the Coast en 1999 ; il l’avait fait graduer en 2024 par PSA pour sécuriser la transaction. L’acheteur, tout aussi secret, aurait déjà assuré la pièce pour près d’un demi-million sous l’égide de Lloyd’s, signe qu’un simple carton peut devenir un actif financier.

Conséquence immédiate : les boutiques spécialisées de Paris à Tokyo voient affluer les demandes d’estimation, tandis que les alertes s’affolent sur eBay et Cardmarket. Les valeurs grimpent en cascade, même pour des exemplaires bien moins rares.

Pourquoi cette relique électrise les collectionneurs

À l’origine, seuls 11 exemplaires du Raichu fautif auraient échappé aux broyeuses de la chaîne d’impression. L’annotation « Pre-Release », réservée à une Clefable promotionnelle, s’est glissée par mégarde sur une planche de Raichu ; l’erreur devait être détruite pour éviter tout bad buzz envers The Pokémon Company et Nintendo. Quelques employés ont pourtant sauvegardé la bourde, créant un mythe.

Durant deux décennies, l’histoire circulait sans preuve tangible, jusqu’à l’authentification en 2023 par le spécialiste David Persin. Seules deux copies étaient alors certifiées ; l’une vient d’être cédée, l’autre dort encore dans un coffre-fort. L’aura de clandestinité, la quantité microscopique et la nostalgie des années Game Boy composent un cocktail plus étourdissant qu’un Tonnerre de Pikachu.

Pour les investisseurs, ce genre de pièce équivaut à un timbre de la première poste hawaïenne : une erreur, une micro-série, un récit de coulisses. Autant d’ingrédients qui justifient des enchères toujours plus vertigineuses.

L’impact sur le jeu de carte à collectionner Pokemon en 2025

La vente réveille l’appétit spéculatif : sur le réseau Toys R Us Collectors Club, les recherches liées à Raichu ont bondi de 180 % en une nuit. Les magasins physiques, longtemps supplantés par la vente en ligne, profitent de la vague pour organiser des soirées d’expertise où un simple holographique s’avère parfois un trésor. Le phénomène encourage aussi Game Freak à célébrer ses « erreurs heureuses » dans des expositions muséales itinérantes.

Côté plateforme, Beckett et PSA doublent leurs délais de gradation, submergés par les envois. Les traders chevronnés parlent désormais de « Poké-blue chip » pour désigner les pièces au pedigree irréprochable ; un vocabulaire jusque-là réservé aux crypto-monnaies ou aux Rolex vintage. À Paris, la Bourse aux Jouets de Saint-Ouen envisage même un indice dédié.

Cette flambée n’est pourtant pas sans risque. Des contrefaçons circulent déjà, dorure artificielle et numérotation factice, profitant de l’engouement soudain. Les associations de consommateurs appellent à la prudence : sans certification, mieux vaut s’abstenir, même pour un prix alléchant.

Entre passion et investissement : le rôle des experts

Face à l’essor des faux, la traçabilité devient cruciale. Les laboratoires PSA et Beckett utilisent désormais la spectrométrie infrarouge pour contrôler les encres d’époque, une innovation transférée du marché des billets rares. Ainsi, un Raichu pré-release scanné révèle une composition chimique identique aux cartes Jungle légales, scellant son authenticité.

Les experts rappellent cependant qu’une cote ne suffit pas ; l’historique de la carte, ses propriétaires successifs et même la provenance de l’enveloppe d’origine comptent dans la valeur finale. De nombreux acheteurs exigent désormais une traçabilité filmée : ouverture du colis, pesée, signature vidéo, puis scellage sous plexi.

À l’autre bout de la chaîne, les musées pop-culture multiplient les acquisitions. Le MoMA a ainsi exposé un Dracaufeu 1st Edition à côté d’un Tamagotchi, proclamant que les icônes de la génération 90 reflètent autant l’imaginaire collectif qu’une toile de Warhol.

Rareté, nostalgie, spéculation : un triptyque irrésistible

Les enchères records prouvent qu’une simple faute typographique peut engendrer un capital culturel et financier colossal. Pour les nostalgiques, ces ventes ravivent les souvenirs des rayons Toys R Us, où les boosters Jungle se vendaient 25 francs. Pour les investisseurs, elles représentent un actif tangible dans un monde numérique volatil.

L’histoire du Raichu fautif rappelle surtout qu’un geste de conservation impulsif peut forger une légende. Qui aurait cru qu’un employé de Wizards of the Coast, en sauvant un lot promis au broyeur, allait façonner une œuvre d’art moderne ? La prochaine curiosité pourrait sommeiller dans un tiroir anonyme, prête à affoler les enchères demain.

Aurore

Aurore Lavaud est responsable RH dans une entreprise industrielle spécialisée dans les tubes plastiques. Appréciée pour son écoute et son sens du dialogue, elle excelle dans la gestion des conflits et le lien humain. Accessible et posée, elle incarne une approche des RH ancrée dans le réel. En dehors du travail, elle est capitaine d’une équipe de badminton qu’elle entraîne deux fois par semaine.