Un collectionneur en larmes : sa BD Tintin estimée à 2 000 € part finalement à 80 000 €

Tintin affole encore les commissaires-priseurs ! Une édition jugée banale, estimée à 2 000 €, a bondi jusqu’à 80 000 € sous le marteau d’Artcurial. La stupeur a laissé un collectionneur en larmes et tout le microcosme du neuvième art en émoi.

Une estimation minimaliste balayée en quarante-cinq secondes

Le 4 avril 2025, Artcurial ouvrait la vacation dédiée à Hergé avec un exemplaire du « Sceptre d’Ottokar » publié par Casterman en 1939. Les experts tablaient sur 2 000 € ; la salle, chauffée à blanc, a franchi 50 000 € en moins d’une minute avant de s’immobiliser à 80 000 €.

La pièce, au dos toilé vert mousse et aux cahiers impeccables, provenait d’un grenier du Limousin. Le propriétaire, persuadé de vendre un album d’enfance, s’est effondré quand le commissaire-priseur a prononcé l’adjudication.

Pourquoi certains albums explosent-ils les plafonds ?

Trois critères se conjuguent souvent : la rareté de l’édition, l’état quasi chrysalidique du papier et une provenance limpide validée par Moulinsart. Ce triptyque transforme un simple cahier d’imprimerie en palimpseste convoité, capable de susciter des enchères dithyrambiques chez Sotheby’s comme chez Christie’s.

Dans ce cas précis, le tirage dit « grande image » présentait les planches originales non retouchées, une nuance qui échappe à l’œil profane mais pas aux fins limiers de la bibliofilie. En 2019, un tirage soviétique avait déjà frôlé le million de dollars à Dallas ; la dynamique haussière ne s’est donc jamais vraiment ralentie.

Cette flambée illustre un marché devenu global : à Shanghai, un galeriste de Pudong était en visio pour pousser les enchères, preuve que le reporter belge a conquis les portefeuilles asiatiques.

Experts et maisons de ventes, chefs d’orchestre d’une passion exigeante

Les grandes maisons s’entourent de spécialistes capables de distinguer une couverture BD Must d’un retirage tardif de Dupuis. Leur verdict, délivré en 48 h via photos haute définition, oriente déjà 70 % des ventes réalisées en ligne en 2025.

L’écosystème s’est professionnalisé : Moulinsart valide chaque lot, Delcourt numérise les archives pour la traçabilité, tandis qu’Artcurial, Christie’s et Sotheby’s se disputent les vacations de prestige. Dans ce ballet feutré, la confiance demeure le ciment entre vendeur et enchérisseur.

Nouvelles tensions et opportunités pour 2025

Face aux prix stratosphériques, de jeunes collectionneurs se tournent vers le « graded » : une capsule plastique sanctionne l’état et rassure les investisseurs. Plusieurs albums scellés ont déjà doublé de valeur en dix-huit mois.

Parallèlement, les rééditions premium, comme la série fac-similé de Delcourt, élargissent l’audience sans cannibaliser les originales. Le marché crée ainsi deux vitesses : patrimoine pour les uns, bel objet accessible pour les autres.

Cette polarisation alimente le débat : faut-il protéger les BD patrimoniales comme on protège un tableau impressionniste ? Les juristes de Moulinsart planchent déjà sur un label « Trésor graphique » qui fixerait des règles d’exportation.

À chaque record, la même leçon revient : un album de Tintin n’est jamais “simple”. Sous son apparente modestie se cache une richesse culturelle et financière que seul un regard aguerri peut révéler !

Aurore

Aurore Lavaud est responsable RH dans une entreprise industrielle spécialisée dans les tubes plastiques. Appréciée pour son écoute et son sens du dialogue, elle excelle dans la gestion des conflits et le lien humain. Accessible et posée, elle incarne une approche des RH ancrée dans le réel. En dehors du travail, elle est capitaine d’une équipe de badminton qu’elle entraîne deux fois par semaine.