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Bande dessinée en péril : quand les auteurs basculent dans la précarité

Par Aurore , le 23 novembre 2025 à 04:05 - 3 minutes de lecture
découvrez les défis et la précarité auxquels font face les créateurs de bandes dessinées, explorant leur lutte pour la reconnaissance et la stabilité financière dans l'industrie.

La bande dessinée séduit toujours autant en France avec 75 millions d’exemplaires vendus en 2023. Pourtant, derrière ce succès apparent, les auteurs peinent à vivre de leur art. La précarité s’installe pour un grand nombre d’entre eux.

Les auteurs de BD en première ligne face à la précarité

Le métier d’auteur de bande dessinée est loin d’être un long fleuve tranquille. 36 % des auteurs vivent sous le seuil de pauvreté. Elisa Ducroz, jeune dessinatrice lyonnaise, l’illustre bien : sur trois mois, elle a gagné seulement 500 euros. Malgré tout, elle garde une certaine philosophie, acceptant un état des lieux pas très rose. Ne pas rêver de revenus conséquents est devenu la norme.

La rémunération repose souvent sur des droits d’auteur, c’est-à-dire un petit pourcentage des ventes, généralement entre 6 % et 12 %. Sur un album vendu 20 euros, le gain peut descendre jusqu’à 2,4 euros maximum. Ce montant est aussi partagé entre scénariste, dessinateur, voire coloriste.

Le culte de la surproduction contre la rentabilité des auteurs

Le nombre d’albums publiés a explosé : en vingt ans, il a été multiplié par cinq. Mais pas le nombre de lecteurs, qui a juste doublé. Résultat ? Les tirages moyens restent faibles, autour de 4 000 exemplaires. Pour qu’un auteur commence à toucher un véritable revenu, il faudrait vendre entre 8 000 et 10 000 exemplaires, chiffre rare.

Selon Iris Munsch, directrice artistique du Lyon BD Festival, la responsabilité revient aux maisons d’édition. Elles produisent trop d’ouvrages, sans forcément assurer un suivi ni un soutien adaptés. Plutôt que de réduire le volume, elles conseillent souvent aux auteurs d’avoir un “métier à côté”, ce qui reflète un désengagement face à la précarité du métier.

Des initiatives locales pour sortir la tête de l’eau

À Lyon, des solutions émergent via des projets locaux. L’Épicerie Séquentielle, association fondée en 2004, soutient les auteurs en valorisant leur travail auprès d’un public plus large et localisé. Ils autoéditent la revue « Les Rues de Lyon », une BD à 3 euros qui rend accessibles des récits sur l’histoire locale.

Cette démarche innovante ne se limite pas à l’histoire, puisque des déclinaisons comme « Rues des Sciences » ou « Rues des Gones » visent à sensibiliser, vulgariser et éduquer par le dessin. Olivier Jouvray, à l’origine du projet, défend l’idée d’un marché local capable d’offrir un exemple d’alternative à la surproduction nationale.

Une librairie spécialisée au cœur des tensions

La librairie lyonnaise « La Bande Dessinée » à la Croix-Rousse constate un souci majeur. La durée moyenne de vie d’une BD en rayons est passée à 15 jours, contre plusieurs mois auparavant. Le rythme de parution est devenu si soutenu qu’il faut constamment faire de la place aux nouveautés.

Simon Beauvarlet de Boismont, libraire, pointe un paradoxe : le public réclame de la nouveauté mais les économies pour leur proposer ces albums sont restreintes. Il lutte pour que les titres locaux bénéficient d’un rayon dédié, afin de maintenir une diversité plus humaine et maîtrisable.

Source: www.rcf.fr

aurore lavaud

Aurore Lavaud est responsable RH dans une entreprise industrielle spécialisée dans les tubes plastiques. Appréciée pour son écoute et son sens du dialogue, elle excelle dans la gestion des conflits et le lien humain. Accessible et posée, elle incarne une approche des RH ancrée dans le réel. En dehors du travail, elle est capitaine d’une équipe de badminton qu’elle entraîne deux fois par semaine.

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